Chine les prévisions mirobolantes du « schiste » se révèlent peu rentables

Lancée en 2012 l’exploration des supposées ressources « non conventionnelles » chinoises rencontre les mêmes limites qu’en Pologne ; trop profondes, pas assez de teneur en matière organique, le fameux « total organic carbon » ; TOC ! S’ajoutent à ces difficultés pétrogéologiques la compétition pour les usages domestiques, industriels et agricoles de la ressource hydrique. La Chine va demeurer importatrice de gaz naturel liquéfié et aussi exportatrice de ses savoirs faire et maîtrise technique d’extraction de charbon hors de ses frontières à commencer au Pakistan.

Traduction libre par nos soins, les liens sont rajoutés, de l’article :

China’s Shale Gas Dreams Run Out of Steam – Zeng Lingke and David Kirton – Caixin – 3 dec 2018.

 

Les rêves chinois de gaz de schiste s’essoufflent – Zeng Lingke et David Kirton – Caixin – 3 décembre 2018

Les efforts de la Chine pour imiter les États-Unis en exploitant ses grandes réserves de gaz de schiste sont en train de s’effondrer, contrariés par des coûts de développement trop élevés en raison de contraintes géographiques et géologiques, affirment les experts.

En mettant fortement l’accent sur l’autosuffisance énergétique, la Chine espère depuis longtemps exploiter ses supposées ressources de gaz de schiste afin de répondre à sa demande croissante en énergie. Ces rêves se sont concrétisés en 2009 avec la découverte d’énormes réserves dans la province du Sichuan, et l’Agence américaine de l’énergie (EIA) estime désormais que la Chine dispose de 1 115 milliards de pieds cubes de gaz de schiste récupérables, la plus grande quantité au monde.

Mais les efforts pour exploiter ce potentiel sont en perte de vitesse, alors même que la Chine cherche désespérément de nouvelles sources de gaz naturel pour se sevrer d’une dépendance au charbon le plus polluant.

En 2012, le gouvernement a octroyé à 17 sociétés d’État et à deux sociétés privées des droits d’exploration par  fracturation sur 19 sites. La fracturation hydrauchimique est le procédé utilisé pour extraire le gaz emprisonné à l’intérieur de couches de « schiste ». Mais selon Zhang Dawei du Centre de conseil et de recherche du ministère des Ressources naturelles qui s’exprimait lors d’un forum de l’industrie fin novembre 2018, en octobre dernier, elles ont toutes manqué le délai imparti pour investir le minimum convenu de 12,8 milliards de yuans (1,6 milliards d’euros) chacune dans des puits d’exploration.

Le gouvernement avait déjà prorogé en 2016 le délai d’investissement dans ces projets, les entreprises n’ayant pas réussi à progresser de manière satisfaisante. Mais les investissements dans le développement de permis de recherches de gaz de schiste ont diminué de 40% depuis 2014, pour atteindre 9,2 milliards de yuans, selon Pan Jiping, chercheur au Centre de recherche sur la stratégie en matière de ressources pétrolières et gazières du ministère des Ressources naturelles.

Selon les analystes, les principaux freins sont les coûts et les difficultés d’exploration et d’extraction. D’après le cabinet-conseil Wood Mackenzie, comparés aux États-Unis, les gisements de « schiste » chinois sont plus profonds, les prospects les plus « riches » sont plus difficiles à trouver et ont tendance à se trouver dans les zones montagneuses où les forages sont plus difficiles. Près de la moitié du « schiste » chinois se situe à 3 kilomètres de profondeur ou plus. Pour les 19 entreprises ayant des contrats d’exploration, l’actuelle incapacité à découvrir des ressources extractibles rentables a peut-être rendu plus difficile de persuader les investisseurs à mobiliser des fonds supplémentaires.

Si des entreprises étrangères ont manifesté leur intérêt pour le potentiel de la Chine en gaz de schiste, plusieurs d’entre elles ont également abandonné leurs projets de joint-venture au cours de la dernière décennie en raison des préoccupations liées aux transferts forcés de technologie. Ces transferts constituent l’un des principaux atouts de nombreuses entreprises et gouvernements étrangers, notamment le président américain Donald Trump dans sa guerre commerciale en cours avec la Chine. BP PLC est la seule société étrangère à développer actuellement la ressource en Chine, des projets de forage étant en cours dans le bassin du Sichuan.

Les analystes ne savent pas ce qu’il adviendra des projets actuellement bloqués, car les procédures claires pour réaffecter les permis n’ont pas encore été établies. Cette apparente inaction semble refléter les ambitions revues à la baisse du gouvernement chinois.

En 2012, Beijing avait prévu une production annuelle de gaz de schiste de 100 milliards de mètres cubes (3,53 milliards de pieds cubes) à la fin de la décennie, soit environ un cinquième de la production américaine de 2017. Toutefois,  en 2014 l’Administration nationale de l’énergie a révisé substantiellement à la baisse cet objectif initial pour atteindre 30 milliards de mètres cubes. La production réelle pourrait même être inférieure à moins de 20 milliards de mètres cubes, selon Pan Jiping, chercheur au Centre de recherche sur la stratégie en matière de ressources pétrolières et gazières du ministère des Ressources naturelles chinois.

La Chine progresse avec succès dans ses trois projets clés du bassin du Sichuan. Ceux-ci sont contrôlés par les géants publics China Petroleum & Chemical Corp. (Sinopec) et China National Petroleum Corp. (PetroChina). 700 nouveaux puits devraient être mis en service entre 2018 et 2020 pour un coût de 5,5 milliards de dollars, estime Wood Mackenzie. Mais, selon les analystes, les 19 entreprises adjudicataires se sont heurtées à des difficultés dans la recherche de sites à fort potentiel dans les provinces montagneuses du Guizhou, du Hunan et du Hubei, où les réserves sont moins prometteuses et plus dispersées.

Wood Mackenzie s’attend à ce que la production chinoise de gaz de schiste passe de 9 milliards de mètres cubes chaque année à 17 milliards de mètres cubes d’ici 2020. La Chine devrait rester dépendante d’importations de gaz, après avoir dépassé le Japon en tant que premier importateur mondial en début d’année.

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