Traduction de Maureen, 34, d’un article de Steve Horn (DeSmogBlog) source : Ecowatch du 30 mars 2016. Edité par AlainR pour GV.
Titre original : Groundbreaking Study Confirms Link Between Fracking and Earthquakes.
Dans cette étude publiée mardi 30 mars 2016 dans Seismological Research Letters, le lien entre la fracturation hydro-chimique à grand volume pour extraire du pétrole et du gaz et les séismes, a été démontré pour la première fois.
Pollution du sous-sol profond et tremblements de terre…
Le rapport, intitulé Hydraulic Fracturing and Seismicity in the Western Canada Sedimentary Basin, confirme que la technique de forages horizontaux suivie de fracturation (laquelle, en fait, crée un mini-séisme souterrain pour ouvrir des fissures permettant l’extraction des hydrocarbures) est responsable de séismes bien au-delà de ce qui est déjà reconnu dans la littérature scientifique.
Nous savions déjà que l’injection des effluents de fracturation dans des puits souterrains pouvait provoquer des séismes. Mais désormais, ce ne sont pas seulement les puits de réinjection, mais le processus de fracking lui-même qui peut être lié à la séismicité.
L’étude se concentre sur une région du Canada connue sous le nom de Bassin Sédimentaire du Canada Occidental, l’un des plus importants bassins de « schistes » et l’une des régions les plus importantes de production de pétrole et de gaz de réservoir compact ; tight. Le communiqué de presse expliquait que les chercheurs « ont comparé le rapport entre 12 289 puits fracturés et 1 236 puits de réinjection des effluents de fracturation d’une part, et des séismes d’une magnitude de 3 (sur l’échelle ouverte de Richter –nde-) ou plus d’autre part, dans une zone de 454 000 kms carrés près de la frontière entre l’Alberta et la Colombie Britannique, entre 1985 et 2015 ».
Réinjection des effluents et opérations de fracking mêmes… résultats !
Les chercheurs ont « trouvé 39 puits fracturés (soit 0,3 % de la totalité des puits fracturés étudiés) et 17 puits de réinjection des effluents de fracturation (1% des puits de réinjection étudiés) qui pourraient être liés à des séismes de magnitude 3 ou plus ». Atkinson et ses collègues reconnaissent volontiers dans l’étude que cela peut sembler un pourcentage assez petit.
Mais ils écrivent aussi que cela pourrait présager des incidents plus graves à l’avenir, au fur et à mesure que de plus en plus de puits seront fracturés dans la région. « Il est important de reconnaître qu’il n’y a séismicité associée que pour un petit pourcentage des opérations de fracturation hydraulique » ont-ils écrit, avant de citer un autre article de 2015 par Gail Atkinson, auteur principal, professeur des sciences de la terre à l’Université de Western Ontario, et alumni, sur les impacts de la séismicité provoquée. « Cependant, vu que des milliers de tels puits sont forés (et fracturés –nde-) chaque année dans le Bassin Sédimentaire du Canada Occidental, la possibilité de dangers futurs est importante, surtout si de multiples opérations ont lieu tout près d’infrastructures cruciales ».
L’arbre qui cache la forêt
Dans le Bassin Sédimentaire du Canada Occidental, on utilise moins d’eau pendant les opérations de fracturation que dans des endroits comme la « Mecque » actuelle des séismes dus au fracking ; l’Oklahoma ! Dans l’étude, les auteurs concluent également que l’énorme nombre d’incidents dus aux effluents de fracturation aux USA cache peut-être l’impact que la fracturation a eu sur la séismicité provoquée au centre du pays, ce qui nécessite des investigations scientifiques supplémentaires.
Ils expliquaient : « Il est possible qu’une fraction plus importante que l’on ne reconnaît aujourd’hui des séismes provoqués aux États-Unis soit liée à la fracturation hydro-chimique à grand volume, mais il se peut aussi que leur nature soit masquée par des incidents encore plus nombreux dus à la réinjection des effluents ».
Une seule fracturation peut suffire, voir Blackpool, RU, 2011
L’une de leurs découvertes les plus importantes semble être le lien indiscutable trouvé par les chercheurs entre la fracturation et des séismes dans la région, plutôt que le nombre de séismes pur et simple. Ils ont également découvert qu’il n’y avait pas de lien entre la quantité de liquide injectée dans le sol pendant la fracturation et la magnitude du séisme.
Dans un communiqué de presse, Atkinson déclarait : « Plus de 60% de ces séismes est lié à la fracturation hydro-chimique, environ 30 à 35% est causée par les puits de réinjection et seuls 5 à 10% de ces séismes a une origine tectonique naturelle ». Aussi « S’il n’existe pas de lien entre la magnitude maximale et la réinjection des effluents de fracturation, alors il est possible que l’on puisse déclencher des incidents plus importants si ces liquides sous pression arrivent jusqu’à une faille déjà naturellement en tension ».
Alors, quel est, d’après l’étude, le message le plus important ?
C’est, bien sûr, une demande pour plus d’investigations, mais en attendant, les chercheurs appellent aussi à des politiques publiques plus réfléchies, moteur d’un progrès sociétal équilibré.
« En conclusion », écrivaient-ils : « On a prêté moins d’attention à la nature du danger que présente la fracturation hydro-chimique qu’à celui que présente la façon dont on se débarrasse des effluents de fracturation, mais il est clair qu’il est important d’y prêter attention tant sur le plan régional et sur le plan mondial. Il faut évaluer très attentivement la probabilité de séismes destructeurs et de leurs conséquences possibles quand on programme des opérations de fracturation hydraulique dans cette région ».