Ou comment le changement climatique transforme la Terre en « étuve » invivable pour le plus grand nombre !
La revue étasunienne Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS) a publié hier lundi 6 août 2018 Trajectories of the Earth System in the Anthropocene, d’un collectif de scientifiques internationaux ; «…Si le seuil est dépassé, la trajectoire qui en résulterait entraînerait probablement de graves perturbations dans les écosystèmes, la société et les économies…» ……
Le capitalisme libéral basé sur la croissance infinie dans un monde stable (?) et tristement incarné par les multinationales ainsi que quelques États nations est par essence imperméable aux notions de masse critique et de point de non retour. Pourtant l’histoire de Humanité montre qu’épisodiquement des civilisations se sont effondrées par épuisement de leur environnement et mauvaise gouvernance. Le Monde ne peut indéfiniment être stable… Aujourd’hui plus que jamais l’éloignement psychophysique de ces quelques milliers de «dirigeants» d’avec ces notions capitales et surtout d’avec leurs déjà perceptibles effets dramatiques, les empêche individuellement et a fortiori collectivement, de prendre les mesures impérieuses qui pourraient limiter l’ampleur de ces perturbations.
Pourtant la réaction en chaine socio-économique qui provoque l’élévation matérielle sociale entrainant trop souvent la perte de valeurs humaines d’acceptation et de partage, réside en chacun de nous. Combien de misères subies par d’autres êtres sensibles et par l’environnement en général, nos vies sont-elles capables d’absorber au quotidien ?
Dans sa tribune à Libération du 23 août 2017 Yves Cochet annonçait déjà «…Bien que la prudence politique invite à rester dans le flou, et que la mode intellectuelle soit celle de l’incertitude quant à l’avenir, j’estime au contraire que les trente-trois prochaines années sur Terre sont déjà écrites, grosso modo, et que l’honnêteté est de risquer un calendrier approximatif. La période 2020-2050 sera la plus bouleversante qu’aura jamais vécue l’humanité en si peu de temps. A quelques années près, elle se composera de trois étapes successives : la fin du monde tel que nous le connaissons (2020-2030), l’intervalle de survie (2030-2040), le début d’une renaissance (2040-2050)…».
Traduction libre par nos soins de l’ «abstract» de cet article :
Nous explorons le risque que des rétroactions auto-renforçantes poussent le système terrestre vers un seuil planétaire qui, s’il est dépassé pourrait empêcher la stabilisation du climat à des températures intermédiaires et provoquer un réchauffement continu sur une trajectoire conduisant rapidement à une « terre étuve » et ce, même si les émissions de gaz à effet de serre d’origine anthropique sont réduites. Le franchissement du seuil conduirait à une température moyenne mondiale beaucoup plus élevée que celle de chacune des périodes interglaciaires au cours des 1,2 million d’années écoulées et à des niveaux de la mer nettement plus élevés que jamais dans l’holocène. Nous examinons la preuve qu’un tel seuil pourrait exister et où il pourrait se trouver. Si le seuil est dépassé, la trajectoire qui en résulterait entraînerait probablement de graves perturbations dans les écosystèmes, la société et les économies. Une action humaine collective est nécessaire pour éloigner le système terrestre d’un tel seuil potentiel et le stabiliser dans un état interglaciaire habitable. Une telle action implique l’intendance de l’ensemble du système terrestre – biosphère, climat et sociétés – et pourrait inclure la décarbonisation de l’économie mondiale, l’amélioration des puits de carbone de la biosphère, des changements de comportement, des innovations technologiques, des nouveaux mécanismes de gouvernance et des valeurs sociales transformées.
Trajectories of the Earth System in the Anthropocene
Will Steffen, Johan Rockström, Katherine Richardson, Timothy M. Lenton, Carl Folke, Diana Liverman, Colin P. Summerhayes, Anthony D. Barnosky, Sarah E. Cornell, Michel Crucifix, Jonathan F. Donges, Ingo Fetzer, Steven J. Lade, Marten Scheffer, Ricarda Winkelmann, and Hans Joachim Schellnhuber
PNAS August 6, 2018. 201810141; published ahead of print August 6, 2018.
Présenté en français dans :
Le changement climatique risque de transformer la Terre en « étuve » – AFP – 6 août 2018
La transition vers une économie verte est plus que jamais urgente pour la Terre, la pollution due aux énergies fossiles risquant de pousser la planète Bleue dans un état durable et dangereux «d’étuve», ont alerté lundi des chercheurs internationaux.
Et dans Comment la Terre pourrait basculer vers un climat incontrôlable – AFP 6 août 2018
Même si l’humanité réduit les émissions de gaz à effet de serre comme prévu par l’accord de Paris, la planète elle-même pourrait perturber les efforts des hommes et basculer dans un état durable d’étuve, selon une étude publiée lundi.
Avec un tel scénario, la température moyenne de la Terre pourrait se stabiliser à +4°C ou +5°C par rapport à l’ère pré-industrielle, bien au-delà de l’objectif de l’accord de Paris sur le climat (+2°C maximum), selon cette étude de la revue Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS).
Les émissions de gaz à effet de serre ont déjà provoqué une hausse de 1°C de la température moyenne de la Terre, augmentant les probabilités et l’intensité des canicules, des sécheresses ou des tempêtes.
Plus
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.Nicolas Hulot : « Il faut une union sacrée sur le climat » – Le JDD – 28 juillet 2018
Alors que l’Europe suffoque, le ministre de la Transition écologique et solidaire Nicolas Hulot alerte sur notre inconséquence face au réchauffement climatique. A la société dans son ensemble, il demande de se «ressaisir».
Notre quotidien en 2050
de Journal Sud Ouest et Cathy Lafon
Extrait de feedbooks.com
Alimentation, viticulture, urbanisme, logement, transports… Le réchauffement climatique va bouleverser notre vie quotidienne. A quoi ressemblera notre monde en 2050? Découvrez-le au travers de cet eBook réalisé par la journaliste Cathy Lafon, auteur du blog « Ma planète » du journal Sud Ouest.
ALIMENTATION : La chasse au gaspillage et davantage d’insectes dans nos assiettes. Dans un monde post-carbone à +2°C, le contenu de nos assiettes est appelé à « verdir ».
VITICULTURE : Encore un petit verre de vin suédois? En 2050, on boira encore du vin français, mais il aura dû s’adapter au réchauffement climatique.
URBANISME : Des villes vertes, intelligentes et hyper-connectées. Demain se développeront des éco-villes « intelligentes », denses et verticales, et nos maisons seront « vertes ».
TRANSPORTS : Bouger moins, bouger mieux. Adieu la voiture individuelle ultra-polluante, vive le vélo et les transports partagés.
Où va le monde ?
2012-2020, une décennie au devant des catastrophes
Auteur(s) : Yves Cochet, Jean-Pierre Dupuy, Susan George, Serge Latouche
Editeur(s) : Mille et une nuits (Fayard)
Date de parution : 15/02/2012
Tous les discours des personnalités économiques ou politiques ont un point commun : la reprise est en vue, la croissance va revenir, on va s’en tirer. Certes, il y aura des sacrifices à faire, des réformes à effectuer, mais, grosso modo, le cours ordinaire des choses reprendra à terme. C’est là l’illusion qui expose au danger.
Pourtant, nul n’arrive à se projeter dans le grand bouleversement de demain et à anticiper les mutations. Si rien ne change, nous savons – même si beaucoup refoulent cette perspective – que nous allons à la catastrophe.
Pour Yves Cochet, il faut se préparer au choc et le penser comme tel. Pour Jean-Pierre Dupuy, on doit changer de mode de pensée (« faire comme si le pire était inévitable ») ; pour Susan George, il est urgent de subordonner tout à fait l’économique au politique, au social et à l’écologique. Quant à Serge Latouche, il nous invite à penser le déclin inéluctable de l’ordre néolibéral occidental et espère qu’il sera remplacé par une société d’abondance frugale.
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