Demain se clôture l’enquête publique sur les forages de Total au large de la Guyane. Celle pour ceux de Vermilion sur le permis Aquila au large du bassin d’Arcachon a déjà eu lieu en 2014, à quand les forages ?
Prolongé jusqu’au 21 juillet 2020 après procédure juridique défavorable à l’État, en troisième période par l’arrêté du 31 janvier 2018, le permis Aquila, détenu par deux filiales françaises du canadien Vermilion Energy Inc. est pour l’instant le seul titre minier offshore métropolitain officiel. Les titulaires ont un droit de forage -dans la validité du permis !- de 3 puits à partir de la plateforme terrestre côtière Lavergne 1, située à l’extrémité du Cap Ferret…
Cette dernière prolongation interpelle, comme la précédente d’ailleurs ! En effet, selon les données officielles, les titulaires n’ont pas tenu leur programme de travaux, et néanmoins obtenu deux prolongations de durée maximales de 5 ans chacune !! Voir la rubrique Vie administrative, en pied d’article.
En métropole les forages offshore ne sont plus autorisés depuis des décennies. Vermillon, s’il fore à partir de Lavergne 1, et fait une découverte rentable, pourrait exploiter la partie maritime du Parentis la plus proche de la côte en contournant l’actuelle interdiction d’infrastructures offshore notamment dans la zone atlantique du Parc naturel marin du Bassin d’Arcachon créé en 2014 qui se superpose au permis Aquila. En effet d’autres plateformes sises sur la presqu’ile du Cap Ferret et dépendantes d’autres concessions de Vermilion ; Courbey ou Les Pins, pourraient accueillir d’autres puits.
Les (vieux) puits offshore BIX1 et CAR101 le plus à l’ouest, sont répertoriés sur minergies.fr. Ce dernier à -4717 a atteint en 1968, un intervalle de roche mère ; le Lias anhydritique, en montrant des indices d’huile et de gaz dans la colonne sédimentaire :
Crétacé inf. : Albien (peu poreux) et Aptien aquifères sans indices. Base du Néocomien-Barr. et Purbeckien-Wealdien (test sec) à indices d’huile mais envahis d’eau salée. Jurassique : indices de gaz dans la Dolomie de Mano et d’huile au sommet (2 tests : 1 sec ; 1 eau s. 49 g/l) (2 tests : eau s. 19 à 40 g/l). Calcaires à Lituolidae (2 tests secs + traces de gaz), de Lamarque et de St Martin (essai : boue + gaz) à indices d’huile et de gaz mais sans qualités de réservoir. Base des calc. à filaments et sommet de la zone à anhydrite à indices de gaz mais à eau salée avec de l’H2S. Puits bouché.
La prédécesseure de l’actuel locataire de l’Hôtel de Roquelaure avait rejeté par arrêté du 15 mars 2017, la demande de prolongation d’Aquila en troisième période. Les titulaires ; Vermilion REP et Explo. ont gagné leur recours contraignant les ministres en co-charge des matières minérales énergétiques du sous-sol à octroyer cette deuxième prolongation.
Vermilion à donc un peu moins de deux ans (plus éventuellement trois de plus) pour conduire enfin une démarche exploratoire vers une éventuelle demande de concession, qui porterait à une douzaine le nombre de ses titres miniers de production dans le sous-bassin de Parentis. Ces installations de production sont reliées par canalisations au dépôt d’Ambes dans l’estuaire de la Gironde qui a connu en janvier 2007 un incident majeur suite à la rupture d’un des bacs historiques (1958) appartenant à Vermilion, provoquant une pollution enregistrée par le CEDRE. Pour ; l’issue judiciaire de l’incident… voir France Info 1er décembre 2014 et pour les tuyaux ; Geomondiale.
La connaissance du Parentis est assez bonne ; à gauche les concessions et les puits d’explo les plus proches de la côte, à droite les dernières sismiques 3D entre 1990 et 1999, de nombreuses autres campagnes d’acquisitions de lignes 2D ont eu lieu dans la zone depuis les années 60′. La mise en éventuelle exploitation de nouveaux périmètres ne semble dépendre que de la rentabilité, donc du prix des hydrocarbures ; baril et MTBU, sur le marché. En effet la création du Parc… en 2014 n’a pas arrêté l’exploitation, ni la recherche d’hydrocarbures.
Par ailleurs si la très ancienne demande 1495 Parentis maritime, d’Hunt Overseas semble ne pas avoir fait l’objet de recours après son très probable rejet par Mme Royal, 1718 Parentis maritime sud, de Vermilion, certainement aussi rejetée, pourrait avoir fait l’objet d’un recours.
Vie administrative
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Prolongation 2 : arrêté du 31 janvier 2018, 5 ans => 21 juillet 2020
Rejet Prolongation 2 : arrêté du 15 mars 2017, abrogé suite à décision (référé) n°1604824 du 16 décembre 2016 du TA33, la procédure au fond ayant été transmise au TA64 par décision 1604825 du 15 mars 2017
Demande de 2ème prolongation : publiée page 13 du BMI de juillet/août 2015 (ci-dessus)
Prolongation 1 : arrêté du 21 octobre 2013, 5 ans => 21 juillet 2015
Octroi : arrêté du 2 juillet 2007, JO du 21, 3 ans => 21 juillet 2010
Activités connues
AP33 forages Aquila du 2 décembre 2014
Autorisation de 3 puits d’exploration depuis la plateforme Lavergne 1*.
D’après minergies.fr et infoterre.BRGM.fr , aucun de ces puits n’a été foré à ce jour. Aucune mention de ces puits n’apparait dans les BMI de 2015. Ces informations mensuelles officielles n’ont plus été publiées après décembre 2015. Toujours d’après minergies.fr, aucune sismique en mer n’a été conduite depuis 2007.
Les titulaires ont-ils tenu leur programme de travaux ? Sur quelle base l’arrêté du 31 janvier 2018 a t-il prolongé ce permis après avoir abrogé le précédent ?
* Cette plateforme accueille aussi les 5 puits de développement de la concession « Lavergne » réglementés par l’AP33 du 2 décembre 2014. Cet AP est valable dix ans.
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L’enquête publique sur les forages en Guyane a réuni à ce jour plus de 6500 contributions, c’est… notable !
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Je suis opposé à la campagne de forages d’exploration offshore demandée par Total E&P Guyane française dans le cadre du permis Guyane maritime. Forer toujours plus loin, toujours plus profond et dans des conditions de plus en plus extrêmes est un crime contre les océans dont la capacité -vitale pour le maintien d’un équilibre climatique garant de conditions de vie décentes du plus grand nombre- à absorber le carbone atmosphérique est déjà fortement réduite par l’élévation de leur température moyenne.
Cette opposition est motivée par :
- L’impérieux besoin de respecter les objectifs de l’Accord de Paris de décembre 2015 qui impose de laisser inexploités 2/3 des réserves prouvées d’énergies fossiles (1/3 du pétrole, ½ du gaz « naturels » et 80% du charbon). À quoi bon chercher de nouvelles hypothétiques ressources ?
- Les risques majeurs inhérents à l’offshore : exploration –gestion des boues de forage ; exploitation –venues éruptives et fuites ; transport –naufrages et ruptures de canalisations entrainant des marées noires, jamais traitées à la hauteur de leurs dommages ; terminaux pétrogaziers côtiers ; tous accidents majeurs documentés en France par le CEDRE.
- L’élévation actuellement constatée des risques inhérents aux dégradations des conditions d’emploi des personnels sur les installations de forage et de production. L’exemple actuel des grèves répétées sur les plateformes Alwyn, Elgin et Dunbar opérées par le Groupe Total en Mer du Nord est parlant ! C’est la mise en application du thème du MCE Deepwater Development d’avril 2016 à Pau, Pyrénées-Atlantiques ; « Managing the Down-Turn Through Cost Reductions Collaborating to Realize Economic Benefits » ie « gérer le ralentissement par des réductions de coûts ; collaborons pour générer des profits » ou « Réduire significativement les coûts de façon à maintenir l’extraction en eaux profondes compétitive » selon un responsable de Total !
- La récente disposition réglementaire attribuant à la Collectivité territoriale de Guyane l’octroi des concessions d’hydrocarbures en mer. En effet compte tenu de la situation socio-économique de ce territoire ultramarin et de la capacité d’entregent de l’actuel titulaire unique du permis de recherches, les hypothétiques retombées économiques et les déjà réelles actions de mécénat passeront probablement avant les considérations vitales de protection de l’environnement et de promotion d’initiatives concrètes développant des filières durables d’énergies de flux.
- L’impérieux besoin d’en finir avec l’hégémonie de l’industrie des énergies fossiles lesquelles en dégageant des profits privés en partie grâce à de substantielles exonérations diverses de taxes et autres redevances tout au long de la filière ; de l’amont pétrogazier à l’actuel ridicule mécanisme des quotas d’émissions carbone, ne contribue que très peu au coût social des externalités longues. Voir le rapport « Hidden Price Tags: How ending fossil fuel subsidies would benefit our health » de la coalition d’ONG Health and Environnement Alliance, publié le 27 juillet 2017.
AlainR
30900 Nimes
antischistegv@free.fr
Déposée le 22/08/2018