États-Unis : désordres sociaux et crimes derrière le « boom » du schiste


Dans Cases of missing and murdered Native American women challenge police, courts, Garet Bleir et Anya Zoledziowski ont publié le 15 août dernier, dans News21, un douloureux rappel des exactions jusqu’aux meurtres que subissent les peuples premiers en Amérique du Nord le long de la nouvelle frontière énergétique que constitue l’avancée constante de l’exploitation effrénée des ressources non conventionnelles d’hydrocarbures.

L’actuelle place des états-unis dans le palmarès mondial des producteurs de pétrole et de gaz occulte trop facilement cet aspect sombre de l’avancée du mode de vie «occidental» à travers les civilisations originellement proches de la Nature. Chronique d’un écocide sans cesse renouvelé depuis des siècles et une pensée émue pour notre camarade Anna qui, en 2015, a si bien documenté cette honte collective qui doit, surtout depuis le 28 août dernier, hanter tout consommateur abusif d’hydrocarbures notamment par un usage immodéré de moyens de transports basés sur le moteur à explosion, le transport aérien au premier plan. La liberté d’aller et venir trouve aussi ses limites dans ses effets sur le dérèglement climatique.

Traduit sous le titre Les Amérindiens, le pétrole, les crimes sexuels et la lente agonie d’un peuple et publié par Mondialisation.ca, l’article de News21 nous rafraichit la mémoire et jette une lumière crue sur le mythe de l’Amérique «Great again»… triomphante.

 

A l’occasion des récentes luttes contre l’oléoduc KeystoneXL devant traverser notamment les terres indiennes de Pine Ridge, dans le Dakota du Sud, le site ienearth.org (Indigenous environnemental) a publié le cri d’alarme et d’agonie ; Native Leaders Bring Attention to Impact of Fossil Fuel Industry on Missing and Murdered Indigenous Women and Girls, de Joye Braun -notre bandeau en en-tête- qui décrit les harcèlements, viols, enlèvements, séquestrations et meurtres subis par les amérindiennes autour des sites pétrogaziers proches des réserves indiennes.

 

Deux passages de l’article 13 Issues Facing Native People Beyond Mascots And Casinos de Julian Brave NoiseCat, publié par le Huffpost en 2015, présentaient déjà ces faits. Traduction libre par nos soins (base GT*) ci-après :

- L’exploitation des ressources naturelles menace les communautés autochtones.

Tout au long de l’histoire de la colonisation nord-américaine, la dépossession territoriale des peuples autochtones est allée de pair avec l’exploitation des ressources naturelles. Dans les années 1800, les nations indiennes de l’Ouest se sont affrontées aux mineurs envahissant leurs territoires à la recherche de l’or.

Aujourd’hui, depuis les formations de Bakken au Dakota du Nord aux sables bitumineux du nord-est de l’Alberta, au Canada, les nations indiennes se sont souvent opposées à la fracturation hydraulique et aux pipelines qui pompent le pétrole appartenant aux communautés autochtones et contribuant au changement climatique.

D’autres groupes, tels que l’Ute Tribe dans l’Utah et la Nation Mandan, Hidatsa et Arikara au Dakota du Nord, ont tenté de tirer le meilleur parti des opportunités économiques offertes par l’extraction de pétrole et de gaz naturel. Pour la nation Mandan, Hidatsa et Arikara, la hâte de tirer profit du pétrole a entraîné un désordre de la réglementation et de la corruption, y compris des allégations de meurtres liés à la concurrence à l’embauche.

- La violence contre les femmes et les enfants est particulièrement répandue dans les communautés autochtones.

Les communautés amérindiennes – et en particulier les femmes et les enfants autochtones – souffrent d’une épidémie de violence. Les femmes autochtones sont 3,5 fois plus susceptibles d’être violées ou agressées sexuellement que les femmes d’autres races.

Souvent, cette violence provient de l’extérieur de la communauté. L’organisation à but non lucratif Mending the Sacred Hoop, citant les données des années 1990 du CDC et du ministère de la Justice, rapporte que «plus de 80% des violences subies par les Amérindiens sont commises par des personnes ne faisant pas partie de la même race».

Cette année, malgré l’opposition farouche du GOP, les tribus ont obtenu le droit de poursuivre les hommes non autochtones qui commettent des crimes de violence conjugale ou de violence dans les fréquentations ou qui violent les ordonnances de protection contre les femmes autochtones dans les réserves indiennes. Les tribus ont continué à réclamer le contrôle des systèmes judiciaires sur les terres indiennes souveraines, en dépit de la résistance des législateurs des États, des autorités locales et fédérales et des autorités chargées de l’application de la loi.

 

 

Plus récemment, dans Crimes of the Powerful, publié par Springer en 2017, Rick Ruddell détaille avec talent les crimes dirigés contre les amérindien(ne)s liés aux conditions de travail des techniciens et ouvriers de l’industrie pétrogazière.

Traduction libre par nos soins de la présentation :

Ce livre aborde les causes de la hausse des taux de criminalité résultant de la croissance rapide de la population et de l’industrialisation associée à l’extraction des ressources naturelles dans les communautés rurales. Ruddell décrit les problèmes sociaux émergeant dans ces villes en pleine expansion, notamment l’augmentation du comportement antisocial, ainsi que les crimes liés à la propriété et à la violence, les accidents industriels et les collisions routières. Bon nombre des victimes de ces crimes sont déjà membres de groupes vulnérables ou marginalisés, notamment des femmes rurales, des populations autochtones et des jeunes. La qualité de la vie dans les villes en pleine expansion diminue également en raison des incidences sur l’environnement, notamment la pollution de l’air, de l’eau et du bruit.
Les organismes d’application de la loi, les tribunaux et les établissements correctionnels des villes en pleine expansion sont souvent dépassés par la demande croissante, car ces endroits sont rarement en mesure de gérer la croissance de la population.
Les principales questions abordées ici sont : qui devrait payer les coûts de gestion de ces booms et comment pouvons-nous préparer les communautés à atténuer les pires effets de cette croissance et de ce développement et, finalement, à améliorer la qualité de vie des habitants des villes en expansion ? Une étude approfondie et opportune, ce travail original sera d’un grand intérêt pour les spécialistes des crimes violents, de la justice pénale et des préjudices corporatifs.

 

Plus largement, en 2008, Veronica Tiller à l’occasion du colloque Fédéralisme et fédérations dans les Amériques : utopies, pratiques, limites, a mentionné dans sa présentation La souveraineté tribale des Indiens des États-Unis et le système fédéral américain, ces aspects sociaux-criminels.

 

La hélas, légendaire notion de The american Frontier popularisée par le genre Western et une arme de poing de la fin du 19ème siècle, continue d’avoir une existence bien réelle de par des décisions iniques de l’administration américaine.

La plus récente est celle de Trump fin 2017 qui -à des fins de prospection minière- a amputé deux espaces protégés dans l’Utah, où vivent des tribus en vertu de traités «ancestraux» à l’échelle de l’ «histoire étasunienne».

 

Q : Toi, tu creuses ?   R : Impeachment !

* Google Traduction

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