Total : un peu de vert pâle dans un océan de brut

Après l’annonce récente de la vente d’actifs dans les sables bitumineux albertains, le P-DG de la multinationale vient d’indiquer ne pas être pour l’instant, intéressé à participer au «boom» du schiste étasunien, faute d’infrastructures suffisantes pour commercialiser dans de bonnes conditions la ressource. Par ailleurs le Groupe vient de communiquer sur le développement de sa composante «renouvelables». Encore un long chemin M. Pouyanné. Ici en Vaunage, nous demeurons vigilants.

Depuis la Norvège où il rassure sur l’issue des mouvements sociaux qui perturbent les activités de certaines plateformes en Mer du Nord, P. Pouyanné a commenté l’annonce début juillet dernier de l’investissement de BP dans le «boom» du schiste «C’est d’abord assez cher, ensuite on n’a pas les ressources humaines (…) En fin de compte, je pense que de plus en plus de majors y viendront (parce que) c’est la région dans le monde qui connaîtra la croissance la plus rapide dans les 10 prochaines années. Et donc si vous n’êtes pas dans le Permien (…), bonne chance pour trouver plus de croissance ailleurs», a-t-il déclaré à la conférence Offshore Northern Seas (ONS) organisée à Stavanger, en Norvège. (Reuters). Dernièrement le Groupe avait annoncé la vente de ses actifs dans le projet Joslyn près de Fort McMuray.

L’ancien directeur général de la filiale européenne du Groupe spécialisée dans les actions d’acceptabilité sociale des projets de FHC à grande échelle ; Total gas shale europe (TGSE) Bruno Courme, est toujours «Vice-president exploration americas» et semble plus occupé dans le désastre écologique des gisements argentins de Vaca Muerte en Argentine que dans ce qu’il reste d’intérêts du Groupe aux états-unis.

M. Pouyanné qui en a profité pour promouvoir un véhicule électrique français est contredit sur ses prédictions par les analystes d’Oil Price ; Tsvetana Paraskova et Haley Zaremba.

Hier le Groupe a communiqué sur ses secteurs micro hydraulique et solaire français.

Sous la plume d’Alain Deneault, Le Monde Diplomatique d’août 2018 publie Total, un gouvernement bis, châpo :

Les conflits de loyauté de la plus grande entreprise française.

Dedans et dehors. Dedans quand il s’agit, avec l’appui du gouvernement français, de décrocher des contrats, de protéger ses investissements, d’orienter les politiques publiques. Dehors quand, dégagée de toute tutelle gouvernementale, la multinationale peut mieux défendre les intérêts de ses actionnaires, majoritairement étrangers. Mais pourquoi la France reste-t-elle alors si obstinément fidèle à Total ?

Éclairage :

.Total confirme sa position d’acteur majeur des énergies renouvelables en France – Communiqué du Groupe 5 sep 2018

 

De quoi Total est-elle la somme ? Multinationales et perversion du droit
Auteur : Alain Deneault
Éditeur : Rue de l’échiquier
Collection : Diagonales
Parution : 16/02/2017

Le Diplo mai 2017 : Total est la somme, aujourd’hui privatisée, des deux géants pétroliers français : la Compagnie française des pétroles (CFP), créée en 1924 pour sortir le secteur de la dépendance américaine, et l’Union générale des pétroles, créée par le général de Gaulle en 1958, qui deviendra la société Elf. Le passif de Total cumule les méfaits de ces deux entités : corruption et diplomatie parallèle en Afrique, rétrocommissions pour financer les partis politiques, collaboration avec les régimes racistes d’Afrique du Sud et de Rhodésie, travail forcé en Birmanie, désastres écologiques… Le philosophe québécois Alain Deneault livre une synthèse documentée des agissements de la multinationale française. Il éclaire la puissance des entreprises de ce type, capables d’imposer leur loi aux États, tout en affirmant « ne pas faire de politique ». Organisant sa propre impunité, la société aux neuf cents filiales peut ensuite affirmer : « La mission de Total n’est pas de restaurer la démocratie dans le monde. Ce n’est pas notre métier. »

L’Huma mai 2017 : Géant hors norme et protéiforme, le groupe Total occupe une place à part dans le capitalisme hexagonal. Ancien bras armé de l’Etat en Afrique, outil d’influence diplomatique tout autant qu’infaillible machine à « cash » pour ses actionnaires, il s’est trouvé impliqué dans un nombre invraisemblable de scandales et de polémiques. Dans son dernier ouvrage, « De quoi Total est-elle la somme », le philosophe Alain Deneault, directeur de programme au Collège international de philosophie à Paris, fait de Total un cas d’école, pour tenter de comprendre ce qu’est une multinationale aujourd’hui, comment fonctionne son rapport au droit et s’exerce son pouvoir.

Christophe de Margerie était « aussi puissant que le Quai d’Orsay » – Sébastien Pommier, 21 octobre 2014, l’Express/l’Expansion

« Une Afrique sous influence »
Elf au service de l’Etat français – Olivier Vallée, Le Monde Diplomatique avril 2000

Pilier de l’influence de Paris en Afrique, le groupe pétrolier Elf Aquitaine étend ses réseaux depuis quarante ans sur le continent noir et dans la politique française. Un véritable système d’ingérence financière et politique s’est ainsi constitué. Cette activité, encore mystérieuse, fait l’objet d’investigations judiciaires, et l’ancien « chargé des affaires générales » d’Elf, M. Alfred Sirven, est en fuite. Des perquisitions ont été effectuées au siège parisien de la banque africaine du groupe, la Fiba.

 

Total poursuit la rationalisation de ses investissements en comprimant ses coûts dans tous ses segments d’activité vers la maximisation de ses profits au grand bonheur de ses actionnaires.

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