Bientôt du méthane de schiste US dans les gazoducs français ?


© source indéterminée.

Alors que deux récents rapports publiés par le Climate Action Tracker estiment que l’avenir du gaz naturel est limité, partout les investissements dans les infrastructures se multiplient. La flamme bleue, promue en France par le panneautage de la fin du 19ème siècle « Eau et gaz à tous les étages », a déjà une provenance discutable ; Russie, Qatar… Va t-elle bientôt être en partie alimentée par des productions issues des fracturations massives des gisements de l’est des États-Unis ? Mais de par le vaste monde y a t-il une source d’énergie vraiment éthique ?

Sommaire
Informations complémentaires mise à jour 3 septembre 2017
L’article 23 juillet 2017

Informations complémentaires

 

Washington se réjouit de la première cargaison de GNL en Lituanie, Georgi Gotev, traduction Marion Candau, Euractiv, 25 août 2017
Le département d’État américain a félicité la Lituanie, qui a reçu la première cargaison de gaz naturel liquéfié depuis les États-Unis. Il y a à peine un mois, Donald Trump se trouvait à Varsovie où il promouvait les exportations américaines de GNL.
La Lituanie a reçu sa première livraison de gaz naturel liquéfié (GNL) des États-Unis le 21 août, résultat d’un accord visant à réduire la dépendance vis-à-vis de la Russie et à consolider les relations avec Washington dans un contexte de tensions dans la région. Lire la suite…

La Pologne reçoit sa première livraison de GNL américain, EnerGeek, 14 juin 2017
Fermement opposée au nouveau projet de gazoduc Nord Stream 2 reliant la Russie et l’Allemagne par la mer Baltique, la Pologne confirme sa volonté de se défaire progressivement de l’emprise russe en matière d’approvisionnement gazier. A la suite d’un contrat signé avec l’américain Cheniere Energy en avril dernier, le groupe gazier polonais PGNiG a accueilli, jeudi 8 juin 2017, la première livraison de gaz naturel liquéfié (GNL) en provenance des Etats-Unis, saluée devant le terminal gazier de Swinoujscie (nord-ouest) par la Première ministre Beata Szydlo en personne. Lire la suite…

Le GNL américain pourrait déclencher une guerre des prix en Europe, Georgi Gotev, Euractiv, 25 avril 2016
Un méthanier rempli de gaz naturel américain est en route pour le Portugal. cette livraison pourrait chambouler le marché européen de l’énergie, dominé par le gaz russe.
Le Creole Spirit, un méthanier de 970 pieds transportant du gaz naturel liquéfié (GNL), devrait atteindre les côtes portugaises d’ici la fin avril, selon le Wall Street Journal.
Le 19 avril, l’Intrepid a déjà livré 27 500 mètres cubes d’éthane américain à la Norvège. L’éthane est un composant du gaz naturel liquéfié. Isolé et transformé en liquide, il est plus facile à transporter. C’est la première cargaison de gaz de schiste à arriver en Europe. Lire la suite…

INEOS The world for chemicals, magazine n°10

Le gaz de schiste américain débarque en Europe, Eric Albert (Rafnes (Norvège), envoyé spécial), Le Monde économie, 26 mars 2016
L’usine pétrochimique d’Ineos à Rafnes (Norvège) a reçu, mercredi, sa première livraison d’éthane liquéfié en provenance des Etats-Unis. Lire la suite…

Du gaz de schiste américain en Europe et en France, Pierre Magnan, FranceTVinfo, le 18 janvier 2016. Lire la suite…

 

L’article

Regard sur quelques infos récentes mais avant quelques rappels…

Le 17 mai 2013, les Échos reportaient que GDF Suez avait annoncé être bientôt en capacité d’exporter du gaz naturel liquéfié (GNL, lng en anglais -nda) depuis la Louisiane via le projet Cameron LNG,
Chapeau :
« L’énergéticien français GDF Suez a annoncé vendredi avoir signé un accord de coentreprise avec Sempra Energy (SRE), Mitsubishi (8058.TO) et Mitsui (8031.TO) pour le développement, le financement et la construction de l’usine de liquéfaction de gaz naturel de Cameron LNG, filiale de Sempra Energy, en Louisiane
La nouvelle usine GNL devrait entrer en production fin 2017… ». La suite ici.
Fin 2017… mais c’est bientôt, et si la destination de ce GNL dépendra des prix des marchés mondiaux, il est tout à fait envisageable que des méthaniers traversent l’Atlantique et approvisionnent le réseau européen à partir de l’Espagne ou de la France.

Le 7 août 2013, Elengy et Nantes Saint-Nazaire ont réalisé sur le terminal de Montoir-de-Bretagne leur première opération de transbordement entre deux navires méthaniers de grande capacité. Voir ici et .
Elengy est la filiale du groupe GDF Suez dédiée aux activités des terminaux méthaniers, elle a été créée le 31 décembre 2008 et dispose trois des quatre des terminaux de regazéification français : Montoir ainsi que Fos-Tonkin et Fos-Cavaou dans les Bouches-du-Rhône. Le quatrième plus récent ;  Dunkerque LNG est détenu à 65 % par EDF, 25 % par Fluxys et 10 % par Total.
Nantes Saint-Nazaire Port est un établissement public de l’État auto-qualifié outil industriel de développement économique et aménageur du territoire.

Le 28 octobre 2015, ENGIE  annonce la signature d’un  accord d’achat-vente pour une durée de 5 ans avec  Cheniere Marketing International LLP. « Dans le cadre de cet accord, ENGIE achètera auprès de Cheniere jusqu’à 12 cargaisons de gaz naturel liquéfié par an, livrées ex-ship au terminal de regazéification de Montoir-de-Bretagne depuis les terminaux méthaniers de Sabine Pass, Louisiane et Corpus Christi, Texas. Le prix de vente des cargaisons de GNL sera indexé sur les marchés du nord de l’Europe« , voir ici.
La ministre de l’énergie d’alors, n’a pu s’empêcher, comme à son habitude, de communiquer… mais aussi d’écrire aux énergéticiens français dont l’État est encore en partie actionnaire,  voir .
Auparavant en 2014, c’est EDF qui avait annoncé un contrat de long terme avec Cheniere conforté en 2015 par un second sur le court terme. Ces accords doivent se concrétiser en 2019 entre les terminaux Corpus Christi LNG, Texas et Dunkerque, voir ici.
Le premier chargement d’un méthanier à Sabine Pass a eu lieu en février 2016 pour un client brésilien.

Le 18 mai 2016 dans un entretien à La Tribune Patrick Pouyanné le Pdg du Groupe Total déclarait « …L’importation de gaz de schiste américain bénéficierait à l’industrie européenne et l’interdire serait donc « une erreur »… »

 

Revenons maintenant à l’actualité ;

Le 22 juin dernier, le JDLE publiait « La Norvège, royaume pro-climat et pro-pétrole. »
Chapeau :
« Malgré ses objectifs climatiques, le royaume scandinave développe comme jamais l’exploration pétrolière en mer.
Difficile d’être plus schizophrène« . La suite ici, voir aussi la fiche pays du MOCI, .
Mais le royaume occidental scandinave n’est pas la seule rente nationale pétrolière à ménager ses ressources tout en promouvant son engagement dans l’accord de Paris. Le site du Réseau action climat dédié à ce sujet est ici. Attention… la carte est antérieure au dérapage Trumpesque ! Et gageons que si des réserves prouvées significatives avaient été « certifiées » en France, le discours actuel ne serait pas… le même ! Realpolitik ? Da, da, da.

Le 3 juillet dernier, le Groupe Total annonce la signature conjointe avec la NIOC* et la CNPC* d’un contrat portant sur le développement de la phase 11 du champ gazier géant de South Pars, voir ici.
Le champ offshore South Pars est la partie iranienne du champ qatari North Dome (ou Field).
Total exploite déjà une grande partie de North Dome et approvisionne ainsi les terminaux méthaniers français de Fos.
* : National Iranian Oil Company & Chinese National Petroleum Corporation.


Le 11 juillet, Novethic publie « Utiliser le gaz comme énergie de transition est incompatible avec un scénario 2°C. »
Chapeau :
« Un rapport publié par le Climate Action Tracker (CAT) juge que l’avenir du gaz naturel dans le système énergétique mondial est limité, même comme énergie de transition. En cause : la concurrence croissante des énergies renouvelables. Selon les experts, des investissements massifs dans le gaz risquent d’être dévalorisés, tout en créant un obstacle à l’atteinte des objectifs de l’Accord de Paris. »
La suite ici.

 

Le 19 juillet, le Journal officiel publie l’arrêté du ministre de la Transition écologique et solidaire du 28 juin 2017, autorisant la société Transport et infrastructures gaz France, TIGF, à construire et exploiter la canalisation de transport de gaz naturel dite « gazoduc Gascogne-Midi » entre Lussagnet, 40 et Barran, 32, voir ici. TIGF n’a jamais cessé d’accroitre le maillage de son réseau de distribution.

Le 20 juillet, Connaissance des énergies publiait « L’AIE (IEA en anglais -nda) prévoit une « transformation majeure » du marché gazier« .
Chapeau :
« Le marché gazier sera marqué par l’importance croissante des États-Unis et du GNL dans les 5 années à venir selon l’AIE. La demande mondiale de ce combustible devrait augmenter plus rapidement que celle des autres énergies fossiles. » La suite ici.

 

N’en jetez plus !

Ci-après des cartes (pas à jour !) des réseaux mondiaux et nationaux.

Ci-dessus remarquez l’importance de l’Espagne qui compte à ce jour 6 terminaux de regazéification. En Méditerranée ; Barcelone, Sagonte-Valence, Cartagene et en Atlantique ; Huelva, El Ferrol et Bilbao ! Çà gaze chez les Bourbons…

La carte ci-dessus aussi date un peu ! Le réseau du Sud-Ouest (en rouge) n’appartient plus à Total depuis la fin de l’exploitation du champ de Lacq le 15 octobre 2013. Le consortium TIGF constitué par les groupes français EDF, italien Snam et singapourien GIC en avril 2013, s’approvisionne pour l’instant à partir du réseau espagnol ainsi que par les interconnexions nord et est avec le réseau GRT gaz (en bleu).
La fine branche nord-est de TIGF approvisionne Bordeaux. Un projet récurrent d’extension du port autonome de la capitale aquitaine par la création d’un complexe de regazéification à Le Verdon-sur-mer, connait des hauts et des bas. Celui d’Antifer en remplacement de l’antique terminal méthanier (1965-1989) du port du Havre, n’a jamais vu le jour et est supplanté pour l’instant par Dunkerque. Mais sur la façade atlantique, les installations de Montoir-de-Bretagne sont actuellement tout à fait capables d’accueillir des méthaniers en provenance de la côte est étasunienne. Par ailleurs depuis le 180 degré pris par la France avec la loi n°2011-835 de juillet 2011 interdisant la fracturation hydraulique… le projet de Fos-Faster de regazéification ET liquéfaction a été abandonné fin décembre 2014.

Le premier tronçon du gazoduc axe Sud–Nord ;  Eridan, entre Saint-Martin-de-Crau, Bouches-du-Rhône et Saint-Avit, Drôme a été autorisé par arrêté du 5 janvier 2015. D’après GRT gaz ce tronçon  développera les capacités de transport de gaz naturel dans le sud-est du pays, et ce, afin de sécuriser les approvisionnements et fluidifier les échanges de gaz naturel tant en France qu’en Europe. Il est combattu par tous les moyens. Hélas, la juridiction administrative a balayé le 28 juin dernier, les 19 recours en une phrase ; « Article 2 : Les requêtes susvisées sont rejetées. » Voir GRT gaz ici. et TA28 .

La portion française du projet de gazoduc Midi-Catalogne, entre Le Perthus et Barbairane, près de Carcassonne qui doit être piloté par GRT gaz et TIGF, connait quant à lui de sérieuses difficultés. Les financements européens seraient acquis, mais les autorités françaises sont en désaccord sur le montant de leur participation actuellement demandée (!) par Bruxelles. MidCat compléterait avantageusement l’approvisionnement de TIGF par l’est de son réseau, voir ici et .

 

Et le gaz de schiste dans tout cela ? Ne nous Trumpons pas…

L’article du 20 juillet de Connaissance des énergies mentionné ci-dessus, précisait :
« …Le schiste et le GNL, acteurs majeurs de la production américaine…
Les États-Unis devraient renforcer leur place de premier producteur mondial de gaz naturel grâce à l’exploitation des gaz de schiste…
Pour Fatih Birol, directeur exécutif de l’agence, « la révolution du schiste américain ne montre pas de signe d’essoufflement et ses effets sont désormais amplifiés par une seconde révolution », à savoir la montée en puissance du gaz naturel liquéfié (GNL).
En effet, plus de la moitié de la hausse de production gazière américaine d’ici 2022 pourrait être exportée sous forme liquéfiée, juge l’AIE… ».
Aie, ça pique ! En 2022 il va y avoir du sport

D’après Global lng info (date incertaine) et d’autres sources croisées, au sud-est des états-unis, les projets de terminaux de liquéfaction les plus avancés sont ; de l’ouest, golfe du Mexique à l’est, côte Atlantique :
Corpus Christi, Cheniere, Texas
Freeport, Texas
Sabine Pass, Louisiane. Chenière / ENGIE Opérationnel depuis début 2016
Cameron, Louisiane. (ENGIE) / GDF Suez
Cove Point, Dominion Energy, Maryland
Au sujet des terminaux de GNL, les cartes de la Commission étasunienne de régulation de l’énergie, la FERC, qui appelle à projet, délivre les licences et contrôle le fonctionnement des infrastructures énergétiques sont .
Ci-dessous la carte de la côte est :

Ci-dessous la carte du Golfe du Mexique :

Et celle-ci privée qui montre aussi les gazoducs .

L’annonce de GDF Suez un peu plus haut… fin 2017, est située dans la carte ci-contre ; il s’agit du point bleu à l’extrémité sud de la branche bleue arrivant au nord du fleuve/lac  Calcasieu.

Le site de la FERC, mentionne Cameron lng en tant que projet, voir ici, cliquez sur l’onglet 2016 pour obtenir :
CP15-551-001     TransCameron Pipeline, LLC     225.00     -19.20     0.00     LA     06/28/16
Et la soumission à l’appel d’offre fédérale .

Projet ?… On respire ! Mais pour combien de temps encore ?

La fiche pédagogique relative au gaz naturel liquéfié de Connaissance des énergies, ainsi que le dossier Les terminaux méthaniers en Europe du 21 août 2011 sur Issuu, sont à lire.

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