Les enjeux socio-éco-environnementaux des projets miniers en Guyane

L’urgence est bien de conduire la réforme du code minier avec une perspective environnementale et non plus productiviste !

Le Gouvernement vient de confier au Conseil général de l’économie, au Conseil général de l’environnement et du développement durable, et à l’inspection générale de l’administration une mission sur les enjeux socio-économiques et environnementaux des grands projets miniers en Guyane…..

« …En France, il est très facile d’obtenir un permis de recherche d’hydrocarbure ; il n’est même pas nécessaire de prendre des engagements en matière d’investissement… » Patrick Pouyanné, auditionné par le Sénat le 18 mai 2016.
Seul un code minier redonnant vraiment à l’État la main sur la délivrance des permis et concessions permettra de sortir de l’actuelle situation enkystée, où un ministre annonce la fin des hydrocarbures et délivre en même temps de nouveaux titres miniers !
Certes la loi ne peut être rétroactive mais en durcissant les conditions de renouvellement et en encadrant plus strictement les techniques d’extraction le Gouvernement via le législateur pourrait se doter d’outils permettant de vraiment limiter l’exploration et l’exploitation des hydrocarbures. Il faudrait aussi pour cela intervenir à d’autres niveaux et notamment l’enseignement supérieur et recherche. Enfin sortir du déni de transparence que constitue depuis juin 2006 la non publication des décisions de rejet s’impose sans délai.


Dans un communiqué du 27 juillet 2018 le Gouvernement annonce ; « …la mission aura pour objectifs de faire des recommandations au Gouvernement sur les conditions d’éventuelles exploitations minières de ce type en Guyane. Elle analysera ainsi, au regard des meilleures pratiques internationales, les retombées socio-économiques de ce type de projet et les mettra en regard de leurs impacts environnementaux et sociétaux… »

De toute évidence c’est la préparation d’actions tendant à l’acceptabilité sociétale de ces projets, au premier desquels figure « Montagne d’or » mais peut-être aussi le futur du permis « Guyane Maritime » vers une éventuelle concession…

Hier le WWF dans un communiqué assenait « Ce signal gouvernemental, annoncé avant même les conclusions du débat public, montre à quel point cette initiative industrielle se distingue par ses nombreuses faiblesses. »

Novethic commente aujourd’hui adroitement cette annonce « Le projet, soutenu par le Président de la République lorsqu’il était ministre de l’Economie, divise au sein même du gouvernement. Au cours de son dernier déplacement en Guyane, le ministre de la Transition écologique et solidaire, Nicolas Hulot, avait insisté sur les zones d’ombre de ce projet qui suscite une opposition croissante en Guyane. Selon un sondage IFOP mené il y a quelques semaines, sept Guyanais sur 10 se déclarent opposés à ce projet. Mercredi 25 juillet, à l’occasion de la visite du secrétaire d’Etat à la transition écologique, Sébastien Lecornu, quelques centaines de personnes s’étaient de nouveau rassemblées en Guyane pour appeler à l’abandon de la Montagne d’Or. »

 

La problématique de l’extraction aurifère dans la région guyanaise à été étudiée notamment par Jessica Oder en 2011 « Vers la structuration d’une filière aurifère « durable » ? Etude du cas de la Guyane française« .

En France la relance des projets miniers se heurte à de très fortes résistances comme la encore rapporté le 19 juillet dernier Challenges dans Or, argent, cuivre, plomb… Avis de tempête pour le secteur minier en France – Antoine Izambard.
« …Pour relancer l’activité minière, Bercy misait aussi sur un autre instrument : le futur code minier. Ministre, Emmanuel Macron entendait notamment concilier deux exigences : rendre compatibles l’exploitation des mines avec des règles de protection de l’environnement plus contraignantes et assurer une meilleure sécurité juridique aux entreprises minières. Seulement là encore, les choses ont traîné en longueur et les différents projets de nouveau code minier, que ce soit sous la présidence Hollande où celle d’Emmanuel Macron sont restés encalminés. L’actuel chef de l’État qui s’est comporté comme un fervent défenseur du secteur minier à Bercy, avec pas moins de onze permis de recherche de minerais accordés en France métropolitaine et en Guyane entre 2014 et 2016, n’a pour l’instant pas réussi à concrétiser ses intentions… »

 

Revue de presse

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.Guyane : une mission sur l’avenir des grands projets miniers – Marine Jobert, JDLE, 30 juillet 2018

.Le gouvernement s’attaque à l’épineux sujet des retombées des grands projets miniers en Guyane – Simon Chodorge, L’Usine Nouvelle, 27 juillet 2018

.Projets miniers en Guyane : lancement d’une étude socio-économique et environnementale – Dorothée Laperche, Actu-Envir, 27 juillet 2018
« …Dans une précédente étude, le CGEDD préconisait un développement de la Guyane qui repose sur sa biodiversité, à condition de bien le cadrer… »

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