Analyse du rapport d’Investaq « art.6 §4  » de la loi Hulot, concernant le permis Claracq

Extrait annoté par nos soins du rapport d’Investaq sur le permis Claracq, prévu par l’alinéa 4* de l’article 6 de la loi n° 2017-1839 du 30 décembre 2017 mettant fin à la recherche ainsi qu’à l’exploitation des hydrocarbures…
La démarche exploratoire des titulaires de Claracq est avérée. Néanmoins certaines affirmations de ce rapport nous semblent mériter un éclairage…

A jour le 19 juillet 2018 à 10h00

Sur les rapports prévus par la loi Hulot de fin 2017 voir ici.

*  » Les titulaires d’un titre ou d’une autorisation concernant une ou des substances mentionnées à l’article L. 111-6 du code minier remettent à l’autorité administrative, dans un délai de six mois à compter de la publication de la présente loi, un rapport démontrant l’absence de recours aux techniques interdites en application de l’article L. 111-13 du code minier. L’autorité administrative rend ce rapport public.  »

Télécharger P_Claracq_RapArt6-4LoiHulot_20180615

Ce rapport a été précédé, en septembre 2011, de celui requis par l’article 3 de la loi n° 2011-835 du 13 juillet 2011 visant à interdire l’exploration et l’exploitation des mines d’hydrocarbures liquides ou gazeux par fracturation hydraulique et à abroger les permis exclusifs de recherches comportant des projets ayant recours à cette technique, dite Jacob.

Télécharger P_Claracq_RapArt3LoiJacob_20110909

 

Page 3 du rapport, de 2018 Investaq affirme « …Des plateformes analogues ont été mises en évidence dans la région comme à Lacq ou les gisements d’hydrocarbure de Bonnefont, d’Osmet-2 et de Jacques qui ont tous produits dans cet intervalle par des méthodes de production conventionnelles… ».
La documentation technique accessible au public le confirme.

Par contre :

- Premièrement : sur certains intervalles plus profonds de Lacq et de Meillon St-Faust, Total reconnait des fracturations et acidifications dans un document de 2007.

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Total_CollectSavoirFaire_TightGasReservoirs_20070712p1
Total_CollectSavoirFaire_TightGasReservoirs_20070712p3-4
Total_CollectSavoirFaire_TightGasReservoirs_20070712p6-7

—–19 juillet 2018—–Curieusement (?) Total n’a pas confirmé ces informations* lors de la saillie de Michel Rocard « Avec le gaz de schiste, la France est bénie des dieux » le 10 novembre 2013 lors d’un entretien au Monde, publié le 12, ni à l’occasion du rapport de l’Opecst Les techniques alternatives à la fracturation hydraulique… du 27 novembre 2013, voir pages 94 à 97 du .pdf en ligne.
Certainement en raison de l’évolution de la procédure juridique qui l’opposait alors à l’État au sujet de l’abrogation du permis de Montélimar. En effet, les filiales du Groupe titulaires de ce titre minier de recherches basaient alors leurs écritures sur, entre autres,  le fait que d’autres objectifs -non conventionnels- étaient potentiellement présents sur le périmètre du permis et pouvaient être explorés sans avoir recours à la technique maintenant interdite.

* Total réagira promptement et, sous la plume de la responsable des pages Planète, le quotidien publiera Gaz de schiste, gaz de Lacq : les erreurs de Michel Rocard** et de François Fillon – Marie-Béatrice Baudet, Le Monde, 15 novembre 2012.
La fracturation hydraulique n’a jamais été utilisée dans le sol calcaire des Pyrénées-Atlantiques.

Ce qui semble être littéralement exact puisque les formations géologiques mentionnées par Total dans le document ci-dessus seraient des « tight sands » ie des grès compacts et non pas des… calcaires !

**Michel Rocard : « Avec le gaz de schiste, la France est bénie des dieux » – Claire Guélaud et Thomas Wieder, Le Monde, 12 novembre 2012.
Dans un entretien au « Monde », l’ancien premier ministre livre son diagnostic sur la crise.
Voir, pour sourire et le plaisir de lire la faconde de Fabrice, la réaction -qui tombe dans le piège de Total !- du lanceur d’alerte historique sur la FHC dès l’automne 2010, ici—–19 juillet 2018—–

- Deuxièmement : page 96 du rapport de l’Opecst sus-cité l’on peut lire « …La fracturation hydraulique a également été utilisée en 2007 sur le site de Franquevielle (Haute Garonne) dans un puits foré par la société Encana (permis de Foix). Le test réalisé a permis de trouver du gaz mais dans des conditions jugées non rentables…. ».


Sur cet extrait de carte l’on voit bien l’insertion des permis Foix et Claracq entre et autour de concessions. Les périmètres représentés sont ceux issus des ou projetés des prolongations avec réduction de surfaces initiales.

Il nous semble plutôt que la FHC a été utilisée à DEUX reprises sur le permis de Foix, à Franquevielle 31 et Mérigon 09 ! Voir aussi les infos d’infoTerre ici et , ainsi que l’article Franquevielle. La fracturation hydraulique y a été testée – La Dépêche, 15 février 2011.
Une véritable usine à forer le sous-sol à 2600 m de profondeur a tourné jour et nuit en 2007 dans la petite commune du Comminges. La technique de fracturation hydraulique, contestée par les écologistes, y a bien été expérimentée.
Franquevielle, 344 âmes, se souvient… « Sous nos pieds, de l’or noir », titrait « La Dépêche » en 2007. En fait, c’est du gaz de schiste qui était recherché

Encana France était autorisée par arrêté préfectoral à procéder à 4 fracs mais compte tenu du « barnum » déployé et de la maîtrise minimale du procédé en surface… les élus locaux et la population se sont émus et ont conduit l’autorité administrative à suspendre les deux autres.
Encana France deviendra Vermilion Pyrénées, filiale du canadien Vermilion Energy. Cet opérateur de milieu de gamme supérieur du segment de l’amont des hydrocarbures, est connu pour, entre autres, reprendre des « champs matures » et prolonger leur production par techniques de récupération avancée des hydrocarbures, dont la FHC là où elle n’est pas réglementée.
Les demandes de prolongations du permis de Foix seront rejetées par arrêté Hulot/Lemaire du 5 février 2018, l’un des 4 rejets annoncés par le communiqué du 1er février, voir P_Foix_Prolong1_AIMrejet_20180208
Vermillon Pyrénées reprendra en son nom propre les concessions essonniennes (91) ; C51 Vert-le-Petit et C52 La Croix-Blanche ainsi qu’en association avec Vermillon Rep ; C53 Vert-le-Grand et C60 Itteville. Ces installations de production ont soulevé bien des interrogations, voir « Essonne : de mystérieuses concessions pétrolières » France Inter le 19 juin 2015.
Dans son rapport article 3 de la loi « Jacob » de juillet 2011, Vermillon Pyrénées mentionne « …La région Midi-Pyrénées… présente encore un potentiel intéressant. Plusieurs gisements sont situés à proximités immédiate du permis de recherches… La présence proche de ces champs laissent (sic) supposer que d’autres pourraient exister dans le même secteur… Cette zone n’a pas été explorée depuis les 1980 et Vermillon REP (sic) pense qu’en utilisant les méthodes d’évaluation géophysiques modernes, le potentiel de ces zones sera mieux évalué… ». Voir  577-Foixp1
Approche « classique » des pétitionnaires de titres de recherches et donc reprise par Celtique et Investaq pour Claracq dans le contexte exposé dans notre page dédiée à ce permis.—–19 juillet 2018—–

 

Page 4 du rapport, Investaq affirme :

« …Treize puits ont été forés dans le périmètre du permis de Claracq par les précédents détenteurs de ces permis, mettant en évidence des propriétés réservoir d’une qualité suffisante dans ce type de formation pour ne pas avoir recours à des techniques interdites pour assurer une exploitation potentiellement économique. La raison de la non mise en exploitation des dits puits était l’absence d’indices d’hydrocarbures prouvés dans ces intervalles… »

C’est en partie contredit par le résultat pétrolier public du puits Thèze 301.

« …Indices d’huile et de gaz.  Crétacé inf. : indices de gaz dans l’Albien inf., dans les marnes de Ste Suzanne, associés à des indices d’huile (test : boue émulsionnée de gaz et traces d’huile) et dans le Barrémien. Jurassique sup. : indices de gaz notamment dans la dolomie de Mano (test : boue + faible débit de gaz(*)) et la formation de Lons. (*) La chute de pression enregistrée indique la qualité médiocre du réservoir… »

Complété par les données d’Infoterre : le « BUT » sur la fiche de forage d’origine est clair… voir ici :

«…Exploration du jurassique dans une zone où la fracturation pourrait améliorer les caractéristiques des réservoirs déjà valorisés par les indices de Thèze 1 et 201. Puits abandonné. La dolomie de Mano a fourni un faible débit de gaz en test (2 850 l) mais la mauvaise qualité du réservoir fait qu’il ne présente pas d’intérêt commercial»

Et : « …Les deux puits forés… en 2014 et 2016… ont permis de produire une huile (pétrole brut) de très bonne qualité, piégée dans un réservoir présentant des caractéristiques meilleures que celles reconnus dans des gisement analogues (sic)… »

Ceci ne correspond pas aux données publiques de CAY1D (2014) ; « …Traces d’huile diffuses dans l’Albien… » et CAY1G (2016) ; « …Puits interrompu… ».

Aussi ces affirmations semblent ne pas correspondre au passage de la page 7 « …Le puits (CAY1D, nde) a été testé de 13 Octobre au 26 Novembre 2014 et a permis de remonter quelques quantités d’huiles en surface sans avoir recours à des méthodes interdites (sic)… ».

 

Page 11 du rapport, Investaq détaille les contacts réglementaires avec l’administration centrale du ministère en co-charge des matières minérales énergétiques ainsi qu’avec ses services en région. Mais à aucun moment le co-titulaire de Claracq et opérateur du permis ne mentionne la lourde procédure juridique qui l’oppose à l’État depuis fin 2015.

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